CONVOYAGE PARIS - MULHOUSE

Le 9 décembre 2007, le bateau "Noroît" quitte son amarrage du port de Paris-Arsenal pour son nouveau port d'attache : Mulhouse. Le trajet est programmé : la Marne, le canal latéral à la Marne, le canal d'Heuilley (maintenant Bourgogne-Champagne) puis le canal du Rhin au Rhône.
Encore quelques formalités à accomplir auprès de Bruno de la capitainerie et les feux passent au vert. Il en profite pour nous signaler qu'un avis à la batellerie annonce : Seine en crue.

Le propriétaire, Marc, nous accompagne pour quelques heures. Nous lui faisons remarquer que ses chaussures annoncent l'arrivée et non le départ. (Approchez vous avec votre souris) Nous le laissons au confluent de la Marne et de la Seine, histoire de nous fournir le ravitaillement de première nécessité

Nous sommes amarrés dans l'écluse de Saint Maurice, lorsque nous voyons arriver un 110 mètres, "même pas peur". Marc n'est pas revenu ce qui explique cela. Il nous rejoint au moment de sortir du sas. La V.H.F crépite, c'est la voix de l'éclusier qui vocifère. Ici interdiction de prendre à bord un membre d'équipage.
Nous sommes maintenant sur la Marne qui est en crue aussi. Nous n'avons pas besoin de nous servir du ponton d'attente de l'écluse de Saint Maur.
Sous le tunnel peu de courant mais beaucoup d'embâcles. Marc est à la barre et évite chaque morceau de bois.
Nous retrouvons la Marne à Joinville, laissant le port sur notre droite. Trop tôt pour s'arrêter.
Nous empruntons le canal de Chelles. A l'écluse de Neuilly sur Marne, Marc nous quitte, nous souhaitant bonne route.
Encore un tunnel, ici celui de Chalifert, que nous traversons au crépuscule pour nous arrêter à Esbly pour la nuit. Steph et Michel viennent nous dire bonsoir.
Il est 9 heures, il est temps de quitter notre amarrage,
pas pour longtemps, nous nous arrêtons un peu plus loin à l'entrée du canal latéral du Grand Morin, pour identifier un bruit bizarre. Nous décidons de poursuivre, rien de grave. Il disparaît dès la remise en route.
La Marne est sérieusement en crue. Il pleut également dans l'est de la France. Aussi pour éviter de nous retrouver bloqués à l'entrée du canal de Rhône au Rhin, nous prenons l'option de passer par Strasbourg.

"Écluse de l'Isles-Les-Meldeuses, bonjour, bateau de plaisance montant en approche de votre écluse"

"Oui, bonjour ! Les barrages sont couchés, vous pouvez passer par le pertuis"

Une grande première pour les membres de l'équipage qui laissent l'écluse et franchissent la passe du barrage. La vitesse du bateau chute de 7 à 3 kilomètres / heure
Soudain à la sortie d'un méandre, nous ne sommes plus seuls sur l'eau. Ce sont des plaisanciers du Grand Duché de Luxembourg, auraient-ils entendu parler d'une place libre à Paris ?

Tout comme "Pacific", plusieurs péniches nous surprennent, remontant le courant à vive allure et provocant des creux d'un mètre, ballottant notre Chris-Craft de longues minutes dans les tourbillons.

 

De nombreux embâcles sont charriés par le flux de la rivière,
certaines espères de volatiles s'essaient au surf sur tronc d'arbre. La vigilance est constante pour ne pas endommager l'hélice. Parfois nous débrayons par sécurité.
Nous longeons la nouvelle base de location de bateaux sans permis de la région parisienne avant de nous accoster à la halte de La Ferté sous Jouarre.
Avant de mettre en route, nous laissons passer deux péniches avalantes car la sortie de la halte de La Ferté sous Jouarre est perpendiculaire au fleuve.
A Courtaron, malgré la flèche, nous passons par le pertuis
Nous faisons de même à Méry, avec la bénédiction de l'éclusier, pas de distribution de télécommande.
A Charly le barrage n'est pas à plat. Nous passons enfin une écluse et là nous recevons le sésame pour continuer le parcours, la précieuse zapette.
Juste après l'écluse nous découvrons le nouveau ponton que l'équipage d'Ondine nous a signalé. Nous mettons le guide de la Marne à jour.
Nous passons au large de la maison du Diable de Nogent L'Artaud
Surprise ! Le ponton de Château-Thierry a fait peau neuve. Ceux qui le connaissaient avant en seront heureux.
Le nouveau ponton de Mézi-Moulins repéré par Michel et Catherine nous ouvre les bras pour la nuit. Remercions les pour l'aide apportée pour ce guide perpétuellement à jour. N'a-t-il pas un lien avec le site de l'A.N.P.E.I ?
Dans ce bourg, n'hésitez pas à visiter l'église du 13ème siècle. C'est un enchantement de jour comme de nuit.
Un chemin racontant les fables de Jean de La Fontaine est un prétexte pour parcourir la nature environnante.
Ce matin prudence sur le ponton, il gèle. A l'intérieur du bateau 8°.
La brume se lève. La Marne continue de charrier une quantité de bois, de la plus petite branchette,
jusqu'à l'arbre complet, qui vient chatouiller les moustaches de notre bateau.
Le soleil brille sur les coteaux de Champagne,
chaque parcelle est plantée de vigne.
A l'écluse de Cummière, nous rendons la télécommande. Si seulement les écluses à bajoyers inclinés de l'Yonne étaient aménagées comme ici.
Petit test : Sachant qu'en attente dans le flux à 1200 tours, nous faisons du surplace, sachant que sur le canal au même régime, nous sommes à 8 kilomètres/heure. Quelle était la vitesse du courant ?
Enfin, nous voici à l'embranchement du canal latéral à la Marne. Nous sommes contents d'y être.
Nous préparons le petit-déjeuner avec amour, le repas du midi est pris en navigation au poste de pilotage.
Depuis le canal, nous constatons que la Marne n'est pas encore rentrée dans son lit.
Quelle que soit la saison, les rives sont toujours un enchantement. Deux faisans se prélassent sur la rive.
Nous sommes à Pogny. Le soleil se couche sur une immensité d'eau.
Un arrêt à Vitry le François, à la direction du développement économique, où Emmanuelle nous accueille bien sympathiquement et nous donne quelques conseils pour poursuivre notre voyage.
Nous rentrons sur le canal de la Marne au Rhin. Nous quittons la Champagne un verre à la main, plus que 314 kilomètres, pour en avoir un d'Alsace.
Nous sommes montant, le capitaine de l'Aroma amarre l'avant, le capitaine du Simonszand s'occupe de l'arrière.
Les écluses sont automatiques avec déclenchement du cycle par cellule photo électrique, une merveille, pas besoin de rechercher l'éclusier. En cas de besoin un interphone relié au PC (Approcher vous avec votre souris)
Pargny sur Saulx , 8 heures 45, le moteur chauffe.
Un lac, dû au débordement de la Saulx, est gelé. Mais pour la première fois depuis huit jours, nous avons eu droit à de l'électricité, à cette halte payante.
Les écluses sont, de nouveau, manuelles, seul le pont de Mussey s'ouvre électriquement.
A Varney le père Noël est déjà passé. Nous choisissons nos cadeaux, et vous ? Choisissez les avec votre souris.
Pas une minute à perdre, le pont de Fains les Sources ouvre. Il est 9 heures lorsque nous pénétrons dans notre première écluse
Casque obligatoire pour piloter, la barre est à la verticale.
En attendant la sortir du "Kiev", Henri s'amarre à travers le chemin de halage : Pas bien ! mais regardons cela de plus près où se trouve la bitte ?
Voilà le spectacle que nous découvrons depuis le fond de l'écluse. Nous prélevons un échantillon que nous vous présentons grâce à votre souris. Cela nous rappelle le convoyage du Tora
Nous nous mettons à l'unisson pour les décorations.
La nuit à Naix aux Forges est glaciale. Au matin, la bise souffle violemment. Noroît nous la joue rock et roll à l'entrée de la 11, Treveray, et souhaite rentrer perpendiculairement. Les deux capitaines lui font comprendre qu'il est trop long pour cela.

Nous arrivons juste pour la rame de 13 heures 30, pour passer le souterrain de Mauvages.

Editez l'avis à la batellerie pour connaitre les horaires de passage, à mettre dans votre guide de la Marne au Rhin ICI

Nous suivons le toueur, au moteur, pendant 4875 mètres.
L'eau projetée par le moteur gèle sous la plage arrière. Mais nous savons briser la glace. Pour cela faite nous confiance en cliquant sur l'image (peut-être long à charger)
Il est 8 heures 45, Guy, le contrôleur, vient nous informer, que nous ne pouvons démarrer comme prévu. Le canal est pris en glace.
V.N.F envoie le brise-glace à notre rencontre et le suivons.
Nous prélevons un échantillon, à vous d'évaluer l'épaisseur en passant votre souris sur l'image. Nous faisons connaissance avec l'équipe qui nous délivre. Les briseurs de glace, Jean-Pierre et Serge.
Didier, Jean-Claude, Laurent nous accompagnent pour les manœuvres d'écluses. Au cours des éclusages, nous apprenons que chacun à un surnom : Canard, Dragée, Grincheux, Ouah-Ouah, Oui-Pas et Touriste. Saurez-vous rendre à chacun le sien ? A vous de jouer.
Après 12 écluses, V.N.F nous met en sécurité devant ses locaux de Void. Pied-à-coulisse en main nous pouvons vous annoncer que le bout de glace fait 27 millimètres d'épaisseur.
8 heures 25, le brise-glace s'élance, nous le suivons, et
voilà le spectacle que nous avons dans son sillage. Allons voir de plus près la proue du Noroît, à l'aide de votre souris.
Nous traversons le tunnel de Foug, long de 866 mètres, voici notre arrêt pour la nuit. Un brise-glace montant vient à notre rencontre accompagnant une péniche. Il doit ensuite nous précéder jusqu'à Nancy. Aujourd'hui relèvement des cotes de glace : 35 millimètres, plus haut qu'une boite d'allumettes familiale. A vous de voir
Le brise-glace "Catalogne" vient à notre rencontre,
il précède un commerce chargé venu de Toul.
A notre tour de descendre la vallée. Parfois, il faut briser menu . . . la glace avec un yack, pour ouvrir les portes avales. Après notre entrée, la barre à glace est replacée. Pour voir la "barre à glace" se glisser dans les rainures des batardeaux, à votre souris.
Nous voilà à Toul, La Canonnière, nous avons parcouru 10 kilomètres 15 écluses derrière le brise-glace.
Une couverture de glace recouvre la Moselle canalisée. Pour préserver la coque du Noroît, nous décidons de rester à Toul et différer le voyage sur Nancy. Pendant notre escale, la péniche Liberty passe l'écluse. Nous saluons nos amis Christine et Guy.
Merci à VNF de nous accueillir au pied de l'écluse. Nous pouvons suivre les avis à la batellerie en direct, en allant rendre visite à Guy, Jean-Luc et Pascal dans leur tour
Les bassinées successives font se fragmenter la couche de glace, annonçant notre départ
Après 7 jours bloqués à Toul, J'essaye de reprendre le voyage. Nous sommes à 34 km de Nancy.
Nous suivons le "Matthiola" qui nous ouvre la voie et pile la glace. Hélas, le grand gabarit ne passe pas par Nancy. Un brise-glace nous accompagne sur quelques kilomètres. Hélas, il est rappelé. La glace du canal est à peine fragmentée, le salaire de la peur pour la coque à 2 kilomètres / heure.
Le port de Nancy, entièrement pris en glace, nous accueille pour deux nuits. Un brise-glace accompagnant deux péniches nous prend en charge, direction Réchicourt.
L'étrave repousse de grandes plaques de glace, surmontées d'éclats laissés par le brise-glace. Nous évaluons l'épaisseur à environ 15 centimètres. Soudain, le téléphone sonne.
Nancy - Place Stanislas
Ordre de retourner à Nancy, VNF ne peut assurer notre accompagnement avec le brise-glace jusqu'à la limite de la subdivision. Nous sommes désormais programmés pour le 2 janvier 2008 à 8 heures.
Finalement le brise-glace vient me chercher le 3 janvier en début d'après-midi, sous une pluie verglaçante, habillant les arbres.
Le ronronnement du Duroc arrivant sur Dombasle m'invite à le suivre. L'étape du soir est prévue pour Einville.
A 2 kilomètres / heure, je suis sa trace. Je me crois dans un grand verre de glace pilée. Il manque la Marie-Brizard.
Sur l'étang de Réchicourt, la nature me fait un cadeau. Regardez et savourez
Je quitte la subdivision par l'écluse de Réchicourt, haute de 15.385 mètres, la numéro 2 (La plus haute de France, au gabarit Freycinet). Elle remplace les 6 anciennes. A moi le bief de partage de 33 kilomètres, dès que l'avis à la batellerie, sous l'image, sera levé.
Ecluse de Réchicourt
Un brise-glace, à l'accent alsacien, le Val de Sarre vient me chercher. Après son passage, je surfe sur une couche de plaques de glace.
A la hauteur du port de Xouaxange, l'eau est libre. C'est de courte durée, l'étrave du Noroît doit encore pousser la glace
Plan incliné d'Arzviller
Noroît profite de la descente du plan incliné d'Arzviller, pour souffler un peu. La couche de glace atteint encore 10 centimètres. Il franchit un dénivelé de 45 m en à peine 30 mn. J'ai entendu dire, qu'il fallait compter une journée complète de navigation pour passer les 17 écluses qu’il remplace.
Plus que 31 écluses et c'est Strasbourg. Je suis encore stoppé à Lutzelbourg, en cause . . . l'épaisseur de glace. Je suis accueilli sur la base Locaboat avec tout le confort.
Lutzelbourg
Au matin, faux départ, le capitaine renonce à faire son trou. Il fait appelle de nouveau au brise-glace. Bien lui en a pris, il faut passer le balai derrière les portes. Si, si, regardez avec votre souris sur l'image.
Toujours derrière le brise-glace, je fais mon entrée dans Saverne. "Got fort tami", les cigognes sont déjà de retour. . .
Saverne
Du poste de pilotage, la vue est monotone, de la glace, de la glace et encore de la glace. Quand soudain, au détour d'un méandre, je vois des allemands intrépides. Vous ne me croyez pas ? A votre souris.
Je fais halte à Waltenheim, ce soir on me raconte une histoire. Profitez en, en passant votre souris sur le mur.
Voilà, la glace est derrière moi. Je suis maintenant sur le réseau navigable de Strasbourg. Du fait de changement d'année, et faute de points de vente de vignettes entre Nancy et Strasbourg, j'ai droit à un "avertissement au plaisancier" délivré par monsieur l'éclusier.
Je passe au pied du parlement Européen. Les établissements Koejac sont mon port pour la nuit. Je résiste, je ne craque pas pour l'Adagio 48 Europa. Rien que pour le plaisir des yeux et la technique, cliquez ICI
Je quitte Strasbourg, par l'écluse Sud, me voilà sur le Rhin. C'est très large, fort courant, mais pas de crainte. Ici, contrairement au Rhône, on passe les écluses, avec les méthaniers, sauf s'ils abordent un cône bleu. (Souvenez vous le Vagnon, vous disait "matière inflammable").
Écluse de Rhinau, je me sens un peu petit avec les 9.13 m. du Noroît. J'attache l'avant et l'arrière sur un bollard flottant. Merci de fermer la porte avec votre souris. Vous êtes maintenant dans une écluse de 183 m. x 22.80 m.
Je suis sur le point de passer l'écluse de Volgelgrün. Il reste 41 km jusqu'à Mulhouse, sans possibilité de stationner. Je relâche au port de l'Île du Rhin avec Breisach comme toile de fond. J'en profite pour y aller et fouler la terre allemande.
Je longe la Forêt Noire, je ne vois la neige que de loin. Ne sommes nous pas en hiver ?
Ecluse de Niffer
A l'écluse de Niffer, je quitte le Rhin. Je suis toujours sur le grand gabarit ouvert 24 h / 24 h, et durant la nuit je le sens bien
Voilà, Noroît est au cœur de Mulhouse, il a sa place sur le ponton 1. Marc est content de le revoir... si vite. Nous sommes le 15 janvier 2008.
Port de Mulhouse
Port de Mulhouse
La gare est à deux pas. Je rentre en train, en espérant qu'il ne rencontre pas de congères de neige.
Voir quelques images sur Bord à Bord
     

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Fluvial

L'article : Convoyage hivernal d'un Chris-Craft derrière les brise-glaces de VNF, "Duroc", "Catalogne" et "Val de Sarre", du port de l'Arsenal à Paris jusqu'à Strasbourg